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Charlouilles
3 mai 2010

Amère Orange

- Bonjour, que puis-je faire pour vous?

Elle s'appelle Vanessa, à en croire son badge, et depuis une semaine qu'elle m'accueille presque quotidiennement, elle pourrait commencer à se souvenir de moi. Non que je sois spécialement en manque d'attention, mais on y gagnerait du temps.

- Bonjour mademoiselle (poli, rester poli), je viens vous voir (à nouveau) pour une histoire de hors-forfait.

- Ah, je suis désolée, il faut voir avec la responsable.

- Oh, parfait (rester calme), et puis-je voir la responsable?

- Elle est absente aujourd'hui.

Parfois, je me demande comment ils font pour garder ce ton impersonnel si horripilant. Je commence à monter en pression.

- Donc en gros, vous m'avez dit hier de repasser aujourd'hui avec le portable concerné, sans réfléchir qu'en l'absence de votre chef je viendrais - une fois de plus - pour rien?

Même pas confuse pour deux sous. Toujours le même regard inexpressif, que je dois d'ailleurs partager avec son téléphone, sur lequel elle tapote un SMS.

- Non mais revenez lundi, ça devrait être bon...

Je sors, évidemment furax.

...

- Bonjour...

Vanessa ouvre un oeil, puis l'autre. Elle constate assez rapidement que ses mouvements sont limités : poignets et chevilles sont reliés par des cordes aux quatres coins d'un lit.

- Que puis-je faire pour vous?, demandé-je d'un air narquois.

- Que... qu'est-ce... où suis-je?

- Un peu de patience, ma jeune amie, le chloroforme devrait se dissiper rapidement.

Elle bafouille en essayant de protester, puis aperçoit mon visage.

- Vous me remettez?

- Non, vous êtes qui? Détachez-moi ou je hurle.

Alors qu'elle commence à mettre sa menace à exécution, je pose une main sur sa bouche.

- Pour répondre à votre première question, nous sommes à la campagne, assez loin de toute présence humaine pour que vos hurlements n'aient d'autre effet que de m'énerver. Pour la seconde question, je suis un peu surpris... nous nous sommes beaucoup vus ces derniers jours.

- T'es un copain de Max, c'est ça?

Et merde. Le tutoiement, d'office, alors que j'essaye de rester courtois. Je commence aussitôt à lui titiller les côtes. Sa réaction ne se fait pas attendre.

- Putain tu fais quoi?!

- Êtes-vous chatouilleuse, chère Vanessa?

- Pas du tou-ou-ouhouhouh-out!

Bon, je prends ça pour un 'oui'. Et j'entreprends de glisser mes doigts plus haut, jusque sous ses bras. Résultat immédiat : le contact de mes doigts sur la peau de ses aisselles la rend hystérique. Au milieu des éclats de rire je reconnais quelques mots : "stop", "pitié". Parfait. Les choses sérieuses peuvent commencer. J'attends quelques secondes, puis arrête tout contact.

- Vous... - elle reprend son souffle - vous êtes le client de tout à l'heure, c'est ça?

- Bravo. Et aussi celui d'hier, de mercredi et de lundi.

- Vous...

- Et je ne suis pas vraiment un client satisfait - ajouté-je.

- Pourquoi vous me faites-ça?

- Petite vengeance personnelle. Et parce que je peux.

- Comment-ça?

- J'ai une sorte de don : avec moi, toutes les femmes se sont toujours montrées chatouilleuses à l'extrème. Vous craignez sous les pieds? - j'ajoute d'un ton désinvolte.

Vanessa se raidit tandis que je vais pour la déchausser:

- Oh non pitié, pas ça!

- Il fallait y penser avant de me traiter comme une quantité négligeable. Le client n'est-il pas roi?

- Je suis désolée! Laissez mes pieds tranquilles!

Je sors une grande plume, assortie d'un large sourire : 

- Je vais te dire ce que nous allons faire. Je vais m'occuper de tes charmants petons pour ... un certain temps. Peut-être aussi un peu sous tes bras, que tu cherches desespérément à baisser. Tu vas rire comme tu n'as pas ri depuis longtemps.

- Je vous en supplie, non... - elle en bégaye.

- Et quand tout sera terminé, je te rendormirais et tu n'entendras plus jamais parler de moi.

- Je porterais plainte!

Sourire vicelard. Je sais bien les faire, ceux-là.

- N'aies crainte, ma chère. Dans les heures qui suivent, nous négocierons scrupuleusement les pauses que je t'accorderai. Et crois-moi, avec les informations que j'obtiendrais en échange de celles-ci, tu n'auras pas intérêt à raconter cette histoire à quiconque.

Cette fois, elle semble totalement perdue. Elle tente maladroitement de cacher ses plantes de pieds, de rabaisser ses bras, mais en vain. Parfois, je suis bien content de n'avoir pas de voisins.

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Charlouilles
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